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Les priorités de la Présidence italienne du G7 (Tribune pour Le Figaro )

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Face à une situation internationale de plus en plus imprévisible, le G7 reste un format essentiel. Le respect du droit international guide nos actions dans cette année de Présidence italienne du Groupe. Malheureusement, ces principes risquent aujourd’hui d’être offusqués par le retour de la politique de puissance et par la résurgence de nouvelles crises.

Evidemment l’agenda du G7 est en partie dicté par l’actualité. La guerre russe contre l’Ukraine et la crise au Moyen Orient dominent déjà nos débats.

L’agression brutale et illégale de la Russie contre l’Ukraine a marqué un tournant funeste à cet égard. Il est indispensable de contraster cette dégénération et réaffirmer les valeurs qui permettent la coexistence pacifique entre les nations. Après la fin brutale de Alexeï Navalny – qui a dédié sa vie aux valeurs du droit et de la démocratie – il devient encore plus important soutenir la lutte de Kiev pour la liberté et l’indépendance.

Il est clair que le futur de l’Ukraine est tracé au sein de la famille européenne. Sous ce point de vue, la Russie a déjà subi une cuisante défaite. Le Conseil européen a pris la décision historique d’ouvrir les négociations pour l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, avec notre soutien, et un nouveau, important paquet d’aide européenne vient d’être approuvé. Le G7 a aussi donné suite aux décisions prises à Vilnius de définir des engagements pour la sécurité et le soutien à long terme de l’Ukraine et désormais plusieurs Etats membres sont près de finaliser des accords bilatéraux à cet égard. Notre engagement se poursuivra aussi l’année prochaine : en 2025, l’Italie va organiser la conférence pour la reconstruction de l’Ukraine, que l’Allemagne va accueillir cette année.

L’autre thème brûlant pour le G7 reste la dramatique crise humanitaire à Gaza. Israël a le droit de se défendre conformément au droit international humanitaire. Il ne peut y avoir de justification pour l’atroce attaque terroriste de Hamas et la prise d’otages. Mais la protection de la population civile reste une priorité, ainsi que le flux continu et la distribution de l’aide humanitaire. L’Italie est en première ligne à cet égard, avec des mesures de soutien très concrètes. À travers d’une délicate opération coordonnée par notre Cellule de Crise avec le soutien de nos Ambassades à Le Caire, Tel Aviv et le Consulat à Jérusalem, les Ministères de la Défense et de la Santé, nous avons évacué du point de passage de Rafah plusieurs enfants palestiniens blessés, accueillis sur le navire de la Marine italienne Vulcano et arrivés en Italie pour être soignés dans nos hôpitaux.

Il est évidemment nécessaire de développer une stratégie plus large de sortie de la phase actuelle, d’investir dans une perspective politique pour une solution « deux peuples, deux Etats ». L’Italie soutient tous les efforts de médiation en cours visant à la désescalade et à l’apaisement des tensions, pour éviter une régionalisation de la crise. Le G7 a l’ambition de contribuer à une solution diplomatique et nous sommes tous déjà fortement engagés dans cette entreprise. J’ai moi-même récemment visité la région, y compris le Liban, et invité tous mes interlocuteurs à se concentrer sur cette vision du futur.

Le chantage et la menace à la navigation dans la Mer Rouge portés par les Houthis doivent nous mettre en garde contre les risques d’un élargissement du conflit. Les attaques contre les navires en transit mettent en danger l’une des routes commerciales les plus importantes au monde. L’impact économique de l’interruption du transport maritime dans cette zone risque d’avoir des répercussions graves sur la stabilité de nos économies.

L’Italie, la France et l’Allemagne ont fortement voulu que l’Union Européenne joue un rôle – avec l’opération militaire navale « Aspides » – dans la défense des navires marchands qui traversent cette zone stratégique pour le commerce international.  D’autres membres du G7 comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont déjà actifs au sein de « Prosperity Guardian ». Nos efforts convergent : protéger le commerce et tout mettre en œuvre pour une solution diplomatique.

La prospérité et la stabilité de l’Indopacifique sont traditionnellement à l’ordre du jour du G7 et cette région stratégique sera une priorité pour notre Présidence aussi. Le respect du droit international, à partir du principe de la liberté de navigation, est tout aussi nécessaire en Indopacifique que dans la Mer Rouge ou dans la Méditerranée.

Notre Présidence souhaite porter une nouvelle attention au partenariat du G7 avec l’Afrique. Il est indispensable d’investir en Afrique dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, l’énergie, les infrastructures. Nous avons récemment organisé le Sommet Italie-Afrique à Rome et lancé le « Plan Mattei » pour identifier les priorités avec nos partenaires africains. Il s’agit d’une initiative que nous souhaitons intégrer au sein d’une plus vaste action du G7 et de l’UE. L’avenir du monde se joue en large partie en Afrique, notre voisin, le continent le plus jeune au monde. Il faut reconnaitre le lien entre croissance et migrations et promouvoir le développement durable du continent.

La Présidence du G7 doit donner un nouvel élan à l’action du Groupe face aussi aux défis globaux auxquels la communauté internationale est confrontée. Les changements climatiques et la perte de la biodiversité, bien entendu, tout comme la transition verte et en particulier la transition énergétique. Mais aussi le développement de l’Intelligence Artificielle.

Tous ces défis impliquent avant tout une collaboration étroite entre nous. Le G7 est surtout un effort collectif. Sa force est dans sa cohésion. La Présidence italienne vise à favoriser un dialogue ouvert et constructif, au nom du bien commun de la communauté internationale. Nous comptons sur le soutien de nos amis, à partir de la France.